Torchon : un projet civilisationnel

Nous en avons usés des thèmes chez Torchon. Nous les avons rongés jusqu’à la moelle pourrait-on même affirmer. Ils sont tellement rongés que plus aucun magazine sérieux n’ose parler de naissance, de café, de bruits de corps, de grandes vacances, de marins, d’heures de pointes, de lignes de fuite, d’atmosphère, d’affichage défendu, de renaissance, de coins ou de coins et encore moins du déclassement de la rentrée

En tout cas, s’ils le font, car cela arrive, c’est avec la main tremblante et un ordinateur qui se met à ramer. Parce qu’ils savent. Oui, les ordinateurs savent ! Les ordinateurs, ils ont très très peurs de torchon. Ils se pensaient surpuissant, ils pensaient avoir bouleversé mondialement les habitudes des consommateurs de magazines. Les écrans d’ordinateurs, de smartphones et de tablettes étaient convaincus d’avoir gagné la bataille contre le papier. Mais non, la récente et fracassante ascension de torchon les a rendue fébriles. Car voilà que dans de plus en plus de toilettes de foyers français, la commission journalière, quelque soit sa taille, n’est plus accompagnée de la technologie mais de ces quelques pages agrafées que constituent torchon magazine. 

La révolution est en marche

Celle de la re-colonisation du magazine de l’espace privé quotidien. C’est un véritable projet civilisationnel qui se définit devant la nation. L’hégémonie culturelle de torchon que voici est en train de remettre les magazines à leur place. Ils chasseront l’infâme et vulgaire technologie de nos cabinets intimes et feront place à la littérature et à la connerie en forme de magazine.

Ils vous garderont informé et joyeux dans vos cabinets. Pendant qu’en dehors, il y a les guerres qui tambourinent aux deux coins de la planète. La guerre approche t-elle ? La guerre des mots en tous cas. La guerre aux phrases non prononcées, à ce qui est sous entendu ou qu’on aimerait qu’il soit sous entendu. Soit. Mais nous dirons ce que nous voulons, n’ayons pas peur des mots, comptons sur notre surmoi, sur notre bonne conscience, ayons confiance en notre inconscience et prenons conscience de notre inconfiance. Rien de scandaleux ne sortira de nos esprits orageux.

Dessin : Keryann Zaoui

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